Labeotropheus fuelleborni Katale Island
Mâles
Forme bleue (normale) :
Forme OB (Marmelade Cat -MC-) :
Le père de celui de Fred33
Forme O :
Fight :
Femelles
Forme normale :
Forme OB :
Forme O :
Vidéo dans le bac de Fred33
Labeotropheus fuelleborni est une espèce qui a été décrite en 1926 par Ahl, c'est une des plus anciennes descriptions des poissons de ce lac. Son nom fut donné en l'honneur du Dr Freidrich Füllborn (1866-1933), un médecin allemand d'origine polonaise qui s'est spécialisé dans la médecine tropicale et la parasitologie et qui a mené des recherches notamment au Malawi.
La localité type qui a servi à la description de l'espèce est Lumbila.
Nom scientifique synonyme: Labeotropheus curvirostris (Trewavas, 1935).
Labeotropheus fuelleborni Katale
-Description générale :
Il possède une bouche caractéristique au genre Labeotropheus, c'est à dire une bouche surbaissée, formant un nez charnu. Vu de dessous, cette bouche forme une ligne droite qui traverse toute la largeur de la tête.
Il possède plusieurs rangées de dents tricuspides. Cette morphologie est étroitement liée à la façon dont cette espèce s'alimente, sujet abordé un peu plus loin.
Autre caractéristique morphologique commune aux fuelleborni, son corps est comprimé latéralement avec une nageoire dorsale bien développée qu'il déploie comme une voile pour se stabiliser dans les eaux agitées.
Les mâles de la variété de Katale Island de forme normale (BB), ont la partie haute de la tête bleu vif et brillant, avec une bande interorbitale plus foncée voire deux, et la partie basse de la tête (qui débute en dessous de l'oeil) est d'une couleur bleue plus foncée tirant plus vers le gris, ces couleurs s'accentuent d'autant plus quand le poisson est excité ou ennervé. La couleur de la nageoire dorsale est bleu très clair sur les 3/4 de la longueur et le dernier 1/4 devient jaune. La partie haute du corps est bleu vif comme la tête, et à partir de la ligne latérale du poisson la coloration devient jaune (voir jaune orangé) avec quelques écailles bleues. Ce jaune s'étend de l'opercule sur la joue, à la queue du poisson. Les nageoires pelviennes sont légèrement bordées de noir.
Chez cette variété, toutes les formes existent, BB, OB et O, mais la forme la plus courante pour les mâles reste de très loin la forme bleue. Pour les femelles la forme la plus répandue est la forme grise (BB), puis vient la forme OB et en dernier la forme O.
Les mâles peuvent mesurer jusqu'à 16-17 cm en aquarium, parfois plus si la nourriture est trop abondante, les femelles restent un peu plus petites. Ce n'est pas la variété de fuelleborni la plus grande. D'après Konings la taille des fuelleborni selon les localités varie en fonction de l'abondance de la nourriture disponible, ainsi à Chirwa les mâles atteignent une taille moyenne de 18 cm, tandis qu'à Selewa ils ne font que 10 cm. Ceux de Katale ne semblent pas figurer parmi les plus grands mais si on les nourrit bien, il est probable qu'il puissent atteindre la taille des plus grands.
A noter aussi une variabilité importante de la hauteur de corps chez cette espèce...
-Dimorphisme sexuel mâle/femelle :
Les mâles adultes sont plus grands que les femelles, leurs nageoires dorsale et anale sont plus grandes également. Les femelles ne possède pas de jaune sur les flancs ou alors en quantité bien moindre.
Poisson endémique de Katale Island.
L'habitat de L. fuelleborni est limité aux 7 premiers mètres de l'habitat rocheux sans sédiments. Ils préfèrent les côtes des îles balayées par les vagues et les affleurements rocheux.
-Comportement en milieu naturel :
Leur morphologie particulière (bouche surbaissée, corps comprimé et dorsale deployée) leur permet d'aller arracher les algues solidement fixées aux rochers dans les eaux turbulentes. Les mâles non territoriaux et les femelles se rassemblent en groupes et se nourrissent dans les parties supérieures de l'habitat. Les mâles territoriaux sont retrouvés plus bas et défendent une grotte comme site de ponte contre tous les intrus et plus spécialement contre les mâles de leur espèce.
La configuration de la bouche (abordé plus haut dans la description)permet au poisson de se nourrir en restant presque parallèle aux rochers, son corps faisant un angle d'environ 30° avec le substrat. Son nez charnu agit comme levier pour arracher les algues filamenteuses solidement accrochées aux rochers, ce qui lui permet une économie d'énergie. Ainsi le poisson n'a pas besoin de se secouer pour arracher les algues et cette technique lui permet également de brouter de plus grandes quantités d'algues. Sa technique est si efficace que les algues sont complètement arrachées, laissant un trou à chaque coup de mâchoire. Ainsi son régime alimentaire est presqu'exclusivement végétarien, mais à l'occasion il saura également se nourrir de plancton ou même parfois avaler un petit alevin (comportement archaïque de prédation de son ancêtre).
-En aquarium :
En aquarium, il s'adaptera aux flocons ou granulés à base végétale. En période de disette on pourra même l'observer à s'essayer de brouter les algues qui poussent sur le décor.
-Comportement :
Les mâles territoriaux défendent une grotte comme site de ponte contre tous les intrus et plus spécialement contre les mâles de leur espèce. Ils paradent devant les femelles qui passent à proximité pour essayer de les attirer vers la grotte et les faire pondre. Si la parade du mâle est convainquante, et qu'il paraît être le plus beau et le plus fort, et si la femelle est gravide, elle le suivra volontier.
-Lieu :
Grotte parmi les rochers.
-Mode de reproduction :
Comme tous les mbunas, c'est un incubbateur maternel, en milieu naturel elle reprendra ses petits en bouche pendant environ une semaine avant de les laisser se débrouiller seuls. En aquarium, le 1er lâcher est le plus souvent définitif, sans doute par manque d'espace et à l'impossibilité de la femelle de trouver un coin suffisamment abrité.
Une particularité chez les mbunas, les oeufs sont fécondés hors de la bouche de la mère. Après qu'elle ait déposé quelques oeufs, le mâle qui la suit, fertilise les oeufs sur le substrat avant qu'elle n'arrive à les prendre en bouche.
Autre particularité qu'il partage avec les autres fuelleborni, c'est l'espèce de mbuna aux plus petits ocelles comparé à la taille des oeufs, qui eux, sont parmi les plus gros chez les mbunas.
En effet cette différence de taille se retrouve quand la femelle recrache les alevins qui font déjà pratiquement 1,5 cm voire 2 cm pour les plus gros.
-Durée de l'incubation :
La femelle garde l'incubation environ trois semaines
-Nombre d'alevins par portée :
Une trentaine d'alevins en moyenne pour une femelle adulte.
Les hybridations les plus probables sont celles avec d'autres labeotropheus fuelleborni mais aussi trewavasae.
D'après Konings, les fuelleborni vivent dans les 7 premiers mètres de profondeur, alors que les trewavasae vivent à une profondeur allant de la surface jusqu'à 40 m de profondeur, donc ils côtoient forcément les fuelleborni sur les 7 premiers mètres, au delà desquels on ne trouve plus que les trewavasae. Mis à part à Chitande où les trewavasae vivent sur les 10 premiers mètres de profondeur et donc à cet endroit ils cotoient davantage les fuelleborni. Sinon ils se cotoient forcément sur toutes les localités où on trouve les deux espèces (sur certaines localités il n'y a qu'une seule espèce). Cependant d'après ses observations les localités où fuelleborni et trewavasae se côtoient, l'une des deux espèces possède des femelles BB et l'autre des femelles OB et O, ce qui limite sans doute l'hybridation. Il mentionne toutefois quelques exceptions, notamment à Chidunga Rocks où les deux espèces possèdent des femelles OB et où il a été justement observé des hybridations.
Sinon les véritables raisons pour lesquelles fuelleborni et trewavasae ne s'hybrident pas (ou très peu) en milieu naturel réside donc dans le fait que les deux espèces préfèrent deux habitats différents à des profondeurs différentes, ne se rencontrant donc que peu, et aussi dans le fait que la plupart du temps les femelles des deux espèces n'ont pas les mêmes patrons de coloration sur la même localité.
En aquarium, il n'est plus question de profondeur... De plus toutes les espèces de Labeotropheus (sinon presque toutes) qui ont été importées jusque là possèdent des femelles OB. Si à Chidunga Rocks cette hybridation se produit parce que les femelles des deux espèces sont OB, il est fort probable que le risque de mélanger trewavasae et fuelleborni en aquarium soit vraiment important.
Outre l'aspect d'hybridation, il y a aussi un problème d'agressivité, un fuelleborni devenant plus imposant que le trewavasae, il aura pratiquement toujours le dessus et il sera difficile de voir le trewavasae se colorer.
En outre Konings aborde aussi le fait qu'il est difficile d'identifier certains Labeotropheus comme fuelleborni ou trewavasae, certains fuelleborni sur certaines localités sont moins haut de corps et certains trewavasae sont plus haut de corps sur d'autres localités. La profondeur à laquelle ils vivent fait clairement partie des critères d'identification.
En ce qui concerne notre L. fuelleborni Katale, il ne possède pas une des plus grandes hauteurs de corps, et se situe entre la morphologie d'un trewavasae très allongé et un fuelleborni très haut de corps. Mais cette hauteur de corps est très variable chez cette espèce. Peut être due à des hybridations avec son cousin Labeotropheus trewavasae qui est entièrement bleu sur cette localité... Et étant donné que les trois formes (BB, OB, O) sont bien présentes, il y a forcément une forme en commun avec le L. trewavasae... Si cela a pu s'observer à Chidunga Rocks, pourquoi pas à Katale Island.
Aussi, selon Patrick Tawil les Labeotropheus fuelleborni s'hybrident facilement avec les Maylandia du groupe zebra, mais les mécanismes qui conduisent à l'hybridation sont complexes...
Un aquarium de 450l est vraiment un strict minimum, 600l sont préférables pour cette espèce remuante. On pourra lui associer toutes sortes d'espèces de mbunas, excepté d'autres Labeotropheus envers qui il sera agressif et avec qui il risque fortement de s'hybrider.
Expérience de Nicopong24 :
Je maintiens cette espèce depuis 8 ans, j'ai eu au départ un couple sauvage avec femelle OB, puis plus tard j'ai réussi à me procurer des spécimens O et OB. Actuellement j'en ai dans plusieurs bacs dont un ou je tente de maintenir un mâle O avec un mâle MC, et un groupe de femelles O et OB. Pour l'instant tout se passe bien, le mâle O domine mais ne harcèle pas le mâle MC qui se colore de temps en temps. Il semblerait comme le dit Konings (à propos des formes OB chez les mbunas en général), que les mâles ne reconnaissent comme conspécifiques que les mâles bleus, les mâles O et MC n'étant pas identifiés comme mâles concurrents. Mon expérience semble le confirmer, d'autant plus qu'au départ j'avais un mâle bleu également qui codominait avec le mâle O, mais le mâle O n'avait de cesse que de chercher le mâle bleu qui était pourtant un peu plus gros que lui, alors que le mâle bleu ne faisait que repousser le mâle O. J'ai finalement choisi d'enlever le mâle bleu pour plus de sécurité et de sérénité dans ce bac.
On verra par la suite...
Quant à son éventuel rôle d'espèce tampon dans un bac, généralement c'est un piètre candidat car il est souvent plus dominateur que dominant et comme c'est un très bon nageur, il aime beaucoup les courses poursuites... Mais tout dépend du caractère individuel des mâles, j'ai vu certains bacs où cette espèce tenait très bien le rôle.
Expérience de Fred33 :
Personnellement, je trouve ce poisson magnifique ! Dans mon bac il passe son temps à brouter les roches, il sait se faire respecter mais ne va pas chasser un poisson qui passera à côté de lui. Bref poisson à conseiller!!
Bibliographie:
-Wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Fülleborn
-"Les cichlidés dans leur milieu naturel", 4ème édition, Ad Konings, édition cichlid press, 2007
-"Ad Konings's book of cichlids and all the other fishes of lake Malawi", Ad Konings, éditions TFH, 1990.
- The Cichlid Room Companion, http://www.cichlidae.com/gallery/specie ... 53&lang=fr